Gloutons & Dragons

Gastronomie des mondes fantaisistes

Bonjour à tous ! En ce dernier article de l’année, je me devais de finir en beauté ! Avec ça, dans ma liste des manga à vous présenter, m’est venu un titre comme une évidence. Pourquoi donc ? Car ce titre est sûrement ma meilleure découverte de l’année, tant ce récit est original, drôle, juste et parfaitement équilibré entre actions et émotions. Aujourd’hui, choisissez votre classe, armez-vous de vos meilleures ustensiles et ne prenez aucun vivre, car nous allons les confectionner nous-même avec le manga Gloutons & Dragons !

Présentation

Gloutons & Dragons est un manga dessiné et scénarisé par Ryôko Kui de février 2013 à décembre 2023 dans le magazine Harta (Sakamoto, pour vous servir ! ; Hinamatsuri ; …) de chez Kadokawa par l’intermédiaire de leur marque Enterbrain. La série comptabilisera au final 14 volumes pour plus de dix ans d’existence.

« Vous ne vous êtes jamais demandé quel goût avait les monstres du donjon ? »

L’histoire, rocambolesque, commence alors qu’un groupe de six aventuriers affronte un dragon dans un donjon. Le combat tournant à la déroute, Farin (magicienne humaine) utilise un sort pour sauver le reste de l’équipe alors qu’elle se fait avaler par le Dragon. Laios (son frère, chevalier) décide avec trois autres membres de l’équipe de retourner au plus vite dans le donjon pour sortir Farin de l’estomac du dragon.
Malheureusement ils se retrouvent sans provision, et décident de se nourrir de ce qu’ils trouveront au fur et à mesure de leur descente dans le donjon. Ils vont faire la rencontre de Senshi, un nain qui vit en autarcie et leur apprendra à chaque chapitre comment cuisiner tel ou tel monstre.

Fort d’un beau succès au Japon, avec déjà plus de 2 millions de copies en circulation en 2017 jusqu’à 10 millions en décembre 2023, la série est désignée comme le 13e meilleur manga de l’année 2015 par le magazine Da Vinci (prix décerné au manga March comes in like a Lion cette même année). De plus, la série est classée première du top 20 des mangas pour lecteurs masculins de l’édition 2016 du mook Kono Manga ga sugoi!, classement remporté par des mangas populaires tels que L’attaque des Titans (2011), Spy X Family (2020) ou encore Chainsaw Man (2021)
Quant à l’anime, celui-ci arrive en janvier 2024 par une production du studio Trigger (Kill la Kill, Cyberpunk: Edgerunners, …) de 24 épisodes. L’anime n’ayant pas encore commencé à l’heure où j’écris, j’ignore jusqu’à où celui-ci ira dans l’histoire.

Mon avis sur l’œuvre

En recherche de nouveaux titres fantasy moins conventionnel que les classiques isekai ou récit de fantasy qu’on nous sert régulièrement depuis quelques années, ce titre a directement attiré mon attention. En effet, peu d’univers fantaisiste de ces dernières années peuvent se vanter d’avoir développé un point à la fois impopulaire mais essentiel de la vie : la gastronomie locale. Voyant en ce titre un contrepied amusant et avec un fort potentiel, ajoutant à cela un accueil critique unanime quant à la qualité du récit, je décidai de l’ajouter en haut de ma liste d’envie. C’est en cette fin d’année 2023 que l’occasion est venu pour moi de commencer cette histoire alliant comédie, action et conseils gastronomiques. Et, après lecture des premiers volumes, force est de constater que le parti pris gustatif de l’œuvre est une véritable réussite !

De par une inventivité et une justesse débordante, Gloutons & Dragons nous offre un manga totalement unique en son genre. Réussissant parfaitement à fusionner les différents genres au sein de son histoire, Ryôko Kui nous dessine un manga dynamique, amusant, riche en informations, et surtout, absorbant. Par là, je veux dire que l’entrain et le plaisir du mangaka à développer son histoire est assez fort pour nous accrocher et suivre ses idées fantastiques au fil du récit. Avec des personnages haut en couleur et un univers encadré, Gloutons & Dragons se révèle comme un manga véritablement divertissant à toutes les phases de son récit. Ce manga m’a tellement plu qu’il me fallut, à mon plus grand regret, moins d’un mois pour rattraper les 12 volumes disponibles chez nous. Et cela s’explique notamment par un renouvellement constant du récit, qui ne laisse aucune place à la lassitude.

Si le début du manga est d’approche très comique sous format stand-alone (un ou deux chapitres / une histoire), le ton va vite monter en intensité et se complexifier une fois les premiers événements dépassés. Avec certaines pièces du puzzle glissées dès les premiers chapitres de l’aventure, Gloutons & Dragons se révélera être un complet plus complet qu’il n’y paraît. De plus, pour moi, c’est l’un des meilleurs exemples de manga parmi ceux qui changent totalement d’ambiance passé un certain stade de leur histoire. À la manière d’un arc Shibuya dans Jujutsu Kaisen, Soul Society dans Bleach, ou encore Marineford dans One Piece, il y a un avant et un après ces arcs dans le récit. Ainsi, tout en gardant son ton comique et ses découvertes gastronomiques, Gloutons & Dragons va voir, après ces événements, ces personnages se complexifier, l’histoire devenir plus sérieuse, et le ton général de l’œuvre plus pesant, laissant le lecteur saisir avec les protagonistes la nouvelle dimension que vient de prendre leur quête.

Maintenant que j’ai grossièrement parlé de nombreuses qualités de l’œuvre, il me semble essentiel d’accentuer certaines d’entre elle pour vraiment comprendre la réussite derrière ce titre. J’ai donc choisi de vous parler, en premier lieu, du world-building qu’a mis en place le mangaka à travers son manga !

Maîtrise forte et originale de son univers

L’une des principales forces du manga, selon moi, est une maîtrise totale de son univers. Celui-ci se présente comme un mélange de tous les codes de la fantasy existant, que ce soit dans son environnement, ses codes, sa faune et sa flore. Les terres sont peuplées d’espèces populaires telles que les elfes, les nains, avec des humains plus simples comme les tallmen. L’environnement possède des donjons, gagne-pain des aventuriers dans lequel nous pouvons trouver de nombreuses richesses physiques comme intellectuelles. Cependant, les donjons abritent des monstres en tous genres. Des espèces également très connues comme les orques, les manticores, les sirènes, ou encore les fameux dragons. Une flore locale existe également pour chaque endroit spécifique. Comme dans le monde réel, la faune et la flore sont soumises à des conditions pour exister et se développer. Des sirènes ne peuvent pas vivre en terrain sec, comme certaines plantes comme la mandragore le pourrait pas exister sans terres fertiles. Cet aspect réaliste du développement du monde est extrêmement important, car en plus d’apporter de la proximité à notre monde, il permet de poser les limites du possible et de l’impossible. C’est une première barrière que le mangaka se donne dans son univers.

Ces barrières, justement, parlons-en. Car, même si le manga se passe dans le même énorme donjon, le monde ne se limite pas à celui-ci. Au contraire, l’extérieur est vaste et possède de nombreux donjons avec, possiblement, de nombreuses histoires comme la nôtre. Cependant, cela n’a pas d’importance, car ce manga est bel et bien l’histoire d’un groupe d’aventurier spécifique, dans un donjon spécifique, à une période spécifique. Il n’est pas question de voir ce groupe d’aventuriers explorer tous les donjons du monde, mais bien de traverser et d’apprendre le donjon actuel, qui possède déjà assez de matière. Là où cela est important, c’est que changer de donjon aurait minimisé l’aventure et l’envergure de ceux-ci. En ne se limitant qu’à un donjon, Ryôko Kui a pu mettre en place une réelle trame scénaristique plus large et complexe, en plus de nous offrir un immense dédale amplement suffisant pour contenir toute son imagination à travers ses salles. Le cadre du manga est simple : dans un monde fantaisiste et tout ce qui en découle (créature et peuples mythologiques, environnement différent, etc.), nous suivons à groupe d’aventuriers au sein d’un donjon avec sa propre histoire et son propre environnement.

La narration du manga arrive à nous transmettre très facilement les codes, et laisse ensuite place à la plus grande part d’imagination de l’œuvre : la cuisine. Là encore, le manga nous offre un nombre conséquent de recette réellement existante, en changeant seulement des ingrédients du même style avec des aliments mythologiques. Ici, pas question de steak de vache, mais bien de steak de manticore, de soupe à la mandragore, ou encore des sushis de sirènes (pas sûr de l’avoir déjà vu dans le manga, mais c’est possible !). chaque aliment se rapproche d’aliments existants et plus coutumiers de ceux présents à l’extérieur du donjon. Ainsi, il est logique de pouvoir les cuisiner de manière similaire. Bien entendu, il y a des spécificités et des choses à apprendre sur ses monstres avant de les cuisiner, il est donc important de se renseigner. Qui sait si un monstre spécifique n’a pas besoin de vider une couche de poison en son sein avant cuisson ? Ce sont des monstres, rien n’est impossible. C’est toute cette dimension gastronomique qui rend ce manga aussi unique. L’avantage d’avoir des codes assez clairs, et que l’on peut ensuite faire ce que l’on veut à l’intérieur. Et croyez-moi, les créatures de ce manga vous réservent bien des surprises !

Une équipe de choc

Une autre force de ce manga, ce sont ces personnages. Comme je le disais plus tôt, l’univers fantaisiste nous offre une grande variété d’espèce imaginaire ou du folklore international. Cette grande variété amène avec elle des peuples aux spécificités et individualités totalement différentes. Un groupe d’aventuriers se compose en général d’espèce différente, pour faire pâlir les avantages et inconvénients de chaque espèce. Ainsi, chaque personnage présenté est toujours différent ! Déjà qu’entre même espèce, chaque individu est plus ou moins unique, ici c’est encore plus varié. Ce ne sont pas seulement la manière de pensée ou le vécu qui différencie les personnages, mais également des caractéristiques physiques et coutumes. Cela apporte un énorme dynamisme dans un récit ou l’histoire se centre sur l’aventure d’un groupe. Les échanges sont riches, varié, et souvent amusants. Ce dynamisme, on le retrouve parfaitement dans Donjons & Dragons. Dans notre groupe de protagoniste, tous viennent d’espèce et de milieu différent, apportant son lot de quiproquo et d’échanges imprévisibles.

Laïos, chef de groupe et tallmen, est un meneur en première ligne. Marcyle, l’elfe magicienne, s’occupe d’apporter du contrôle de foule et du soutien à ses équipiers. Tylchak, halfelon, possède une grande expertise en crochetage de coffre, découverte de pièges ou encore de passages secrets. Quant à Senshi, le nain, celui-ci possède force et défense pour le front. De plus, c’est lui qui apportera le plus à l’aspect gastronomique du manga, étant le cuisinier plus ou moins attitré de la bande, bien que cela soit une connaissance venant de son expérience personnelle et non pas de son espèce. Ensemble, ils vont essayer de descendre le plus loin possible dans le donjon, comblant les forces et les faiblesses de chacun. En plus des caractéristiques de leurs espèces, chacun possède un tempérament différent : Laïos est assez simplet et candide en plus d’être fan des monstres, Marcyle une tête de classe ne jurant que par l’éthique et le connu. Tylchak, un roublard d’une grande intelligence et très cartésien, n’allant jamais plus loin que ses limites, quitte à abandonner les plans les plus fous. Enfin, Senshi est un nain qui ne jure que par ses connaissances de la faune et la flore locale du donjon, qu’il apprend depuis des années maintenant. Une belle bande qui vous fera passer par toutes les émotions !

Enfin, les personnages secondaires sont également excellents. Certains croisés par hasard dans le donjon, d’autres ayant un objectif définit tout le long du manga, chacun se retrouve important et intéressant lors de leurs apparitions. Parfois antagonistes, parfois alliés, ils servent leurs intérêts et sont prêts à tout pour réussir leurs objectifs. Ne pas seulement se concentrer sur notre groupe mais également sur leur quête est une excellente chose, car ça permet d’ajouter une perspective à la quête du groupe principal, permettant de peser les intérêts de chacun et soutenir ce qui nous semble le plus à même d’être soutenu. Une dimension agréable du manga qui, je l’espère, trouvera bon dénouement à la fin du manga !

Conclusion

Vous l’aurez compris à la longueur de mon article et aux nombreux éloges que j’ai fais au titre tout le long, mais en cette fin d’année, Gloutons & Dragons est assurément devenu ma meilleure découverte de l’année. Entre humours en tous genres, aventure épique, personnages haut en couleur et un développement d’univers aussi grand que brillant, Gloutons & Dragons est un manga que tous les amateurs sauront apprécier !

En France, le manga est disponible aux éditions Casterman sous leur collection Sakka Seinen avec 12 tomes disponibles actuellement et le guidebook dès janvier 2024. L’anime, quant à lui, arrivera également début janvier 2024 sur Netflix et fera, d’après les sources, 24 épisodes.

À bientôt pour de nouveaux articles !

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